Le titre suffit à nous faire comprendre que le langage est onde intérieure. En chacun est sa source, il naît du rapport qu'il établit entre le corps, la terre et l'être intime du danseur pour se propager à chacun. Le dépouillement de tout ce qui pourrait être extérieur, donc parasitaire, a été voulu.

Tout un aspect technique qui se développe dans la scénographie contemporaine - utilisation des technologies modernes, des médias comme la photographie, la vidéo, bandes lumineuses, systèmes de reflets et jeux de réfraction de miroirs - a été exclu.

A la différence des spectacles qui projettent sur le public un riche kaléidoscope d'impressions et d'effets plus formels et conceptuels qu'intimes, Annie Dubet privilégie l'émotion du corps et ce qu'il a d'indicible, grâce à la simplicité. Le drap engendre tous les accessoires et les décors possibles. Le plus adapté au corps, il peut en révéler la beauté plastique, les mouvements et métamorphoses intérieures, le repli. Le corps peut aussi avec lui dessiner notre espace familier et lui donner une âme.

A travers ces trois corps indépendants et interactifs se noue, sous forme d'émotions et de sensations, le dialogue. Il raconte une histoire qu'interprète, par son vécu quotidien et sa sensibilité, le spectateur. Les sons, à la fois simples et divers (gongs, platine, enregistrement de voix et de bruits) contribuent aussi à l'unité du spectacle qui met les rapports humains sensitifs et émotionnels à nu. Cette simplicité étudiée est une esthétique qui permet l'identification et la communication directe avec le danseur.

Ces danseurs savent aussi offrir par l'expression du visage la fantaisie et la théâtralité qui les désacralisent.

Un spectacle à voir pour ressentir.

M. FONTANILLE

Professeur de Lettres

Spectatrice